L'accouchement dit "Physiologique"


Paroles de sages-femmes : "A une époque de surmédicalisation de l’accouchement, de plus en plus de professionnels et de parents se posent des questions sur les pratiques systématiques qui entourent la naissance d’un enfant. "

C’est pourquoi nous avons eu envie de faire évoluer nos pratiques vers une autre proposition d’accompagnement.

Nous avons remis en cause chacun de nos gestes de « routine » et refusé la systématisation pour nous adapter à la demande de chaque couple et réduire nos gestes au strict nécessaire tout en préservant la sécurité de la mère et de l’enfant.
Cela a supposé des aménagements pratiques de nos salles d’accouchement traditionnelles, afin de créer une ambiance propice à la détente (tapis disposés à même le sol permettant une liberté totale de positions, lumière douce, discrétion de l’équipe médicale respectant l’intimité du couple…). Plusieurs formations d’équipe nous ont aidées dans notre démarche. Nous avons donc réappris à « laisser faire la nature » en intervenant seulement à bon escient lorsque le travail s’écarte du chemin de la physiologie. Un travail a été effectué avec les médecins afin d’établir les contre-indications à ce type d’accompagnement à la naissance. L’expérience acquise depuis plusieurs années maintenant nous a permis de réapprendre le rôle de sage-femme : accompagner la douleur, soutenir les femmes, les masser, les rassurer, les bercer…tout en restant attentive.


Pour cela, l’essentiel de notre travail repose sur l’accompagnement de la future maman, la rassurer dans sa capacité à faire naître son bébé à son rythme et à sa manière en faisant confiance à son instinct. Notre préparation à la naissance s’est adaptée dans ce sens.


Déroulement de l’accouchement physiologique 

Il est proposé au couple un espace où il pourra se sentir bien, et surtout un cadre respectueux de son intimité. Seule la sage-femme est présente pendant le suivi du travail : peu de paroles, pas de bruit, voix douce et relaxante sont de mise. Par exemple, les questions administratives seront posées à l’extérieur...

Tout cela vise à ne pas trop stimuler intellectuellement la maman, afin de lui permettre d’avoir un comportement complètement instinctif et de libérer toutes les hormones indispensables au bon déroulement du travail (ocytocine, endorphines...).


Afin de perturber le moins possible cet état instinctif indispensable à l’accouchement physiologique, les gestes sont réduits au strict nécessaire :

  • enregistrement du rythme cardiaque fœtal et des contractions utérines 30 minutes à l’arrivée. S’il n’y a rien de particulier, on effectue 10 minutes de monitoring toutes les heures, ou on écoute les bruits du cœur toutes les 15 minutes avant, pendant et après une contraction. Dans tous les cas, les bruits de monitorage sont diminués au maximum
  • la pose de voie veineuse se fait sans perfusion pour permettre la mobilité
  • les touchers vaginaux sont réalisés en fonction de l’évolution du travail mais pas de manière systématique
  • la poche des eaux est préservée jusqu’au bout
  • les efforts expulsifs ne sont pas dirigés, le but étant de favoriser l’apparition du réflexe expulsif.


Les aspects d’ordre strictement médical étant moins présents, le papa va trouver plus facilement sa place et spontanément plus s’impliquer. 

Durant l’expulsion, la femme prendra instinctivement la position la plus adaptée à la fois pour son périnée et pour faciliter le passage de son bébé, ce qui nous permet de ne pas intervenir du tout.

Éventuellement, une compresse d’eau chaude sera proposée pour soulager et assouplir le périnée.

Une fois le bébé né, il est immédiatement placé en peau à peau avec sa maman, si celle-ci le désire, en même temps qu’il est séché. Le cordon n’est coupé qu’une fois qu’il a cessé de battre et le sein est proposé au bébé quand celui-ci manifeste l’envie de téter. Si la maman ne souhaite pas allaiter, on lui propose toutefois de donner seulement la première tétée en salle de naissance afin que son bébé profite du colostrum.

Si tout va bien, il n’y aura pas d’aspiration, ni de passage de sondes et la pesée et autres soins relevant du nursing, ne seront effectués que 2 heures après l’accouchement avant que la maman ne rejoigne le service. La femme et son bébé ne seront pas séparés et l’intimité du couple sera préservée au maximum durant les 2 heures de surveillance en salle de naissance.

Pour la délivrance, la femme devra repérer la venue de contractions utérines et sera encouragée à « chasser » son placenta dans la position de son choix.

Cependant, afin de garantir la bonne santé de la mère et de l’enfant, une médicalisation de l’accouchement peut se faire à tout moment.

Ce type d’accompagnement à la naissance sera proposé à chaque fois que le couple en fait la demande ou si la femme ne peut pas bénéficier d’une analgésie péridurale.


La salle nature

Elle est équipée :

  • d’un grand lit pour se mouvoir
  • d’une baignoire pouvant être utilisée pendant le travail afin de se détendre et de soulager les douleurs des contractions. Il est possible au papa d’accompagner la maman dans le bain à condition de prévoir maillot de bain et serviette. Cela permet de continuer l’haptonomie dans l’eau pour les parents qui le souhaitent. Il est nécessaire de prévoir plusieurs serviettes de bain
  • d’une suspension pouvant être utilisée pendant le travail et l’expulsion lorsque les mamans ressentent le besoin de se suspendre lors des contractions
  • de ballons et d'une grande estrade facilitant la mobilité et laissant le choix de la position pour accoucher (à 4 pattes, accroupie, debout, sur le côté, sur le dos, assise, suspendue…)
  • d’un monitoring sans fil permettant à la maman de bouger pendant qu’on surveille le bébé.

Si la salle nature est occupée lorsque vous venez accoucher, il est possible d’installer des tapis ainsi que des ballons et des coussins dans les autres salles d’accouchement.